Laser et radiofréquences ont envahi les cabinets de médecine esthétique. Ces pratiques coûteuses ont fait leurs preuves sur les visages des femmes soucieuses d’y effacer les effets de l’âge. La tendance aujourd’hui est au rajeunissement vaginal, traitement censé lutter contre les troubles intimes et urinaires de la ménopause. En quoi consiste cette intervention, est-elle réellement performante et sans risques ?
Rajeunir son vagin contre les troubles intimes de la ménopause ?
La ménopause entraîne de multiples changements dans l’intimité des femmes. Le relâchement des muscles participe à celui du périnée, pouvant provoquer des troubles urinaires. La sécheresse vaginale peut entraîner des irritations pouvant entraîner une incontinence par urgenturie. Intervention promue par certains cabinets de médecine esthétique, le rajeunissement vaginal par traitement au laser ou aux radiofréquences est censé pallier ces désagréments. Pratique efficace ?
Comment fonctionnent le laser et les radiofréquences ?
Le laser à CO2 et les radiofréquences sont des techniques non chirurgicales destinées à réparer des lésions cutanées. Utilisées depuis un certain temps en médecine, notamment pour la destruction des cellules cancéreuses, leur champ d’application s’est rapidement étendu à la médecine esthétique.
Le laser à CO2 fonctionne sur des zones précises par vaporisation des tissus supérieurs de l’épiderme, provoquant une reconstruction de ceux-ci via la cicatrisation.
Les radiofréquences sont utilisées plus en profondeur : des ondes électromagnétiques sont diffusées dans le tissu sous-cutané afin de favoriser une réaction de production accrue du collagène.
Quelle est la promesse du laser ou des radiofréquences ?
Ces traitements non chirurgicaux, à base de laser ou radiofréquences, censés traiter les effets délétères de la ménopause, prétendent :
- Remédier à l’atrophie et la sécheresse vaginale : en stimulant la production de fibres, le traitement permettrait de réhydrater les muqueuses et de retrouver la lubrification naturelle.
- Lutter contre le relâchement vaginal : l’effet thermique recréerait un environnement propice à la formation de collagène, remodelant ainsi les parois du vagin.
- Améliorer le confort urinaire : en raffermissant les tissus de la paroi antérieure du vagin, l’incontinence urinaire légère à modérée pourrait être corrigée.
Mise en garde et risques du laser et des radiofréquences
Le recours à ces interventions non chirurgicales se multipliant, une recommandation a notamment été émise sur le sol américain par la FDA (Food and Drug Administration). L’organisme chargé de l’autorisation des traitements médicaux aux USA a alerté sur le caractère possiblement trompeur de ces pratiques.
À ce jour, aucune étude n’a prouvé la réelle efficacité du rajeunissement vaginal par laser ou radiofréquences dans la lutte contre les effets de la ménopause, tant au niveau de l’intimité que du confort urinaire. Une étude menée sur 78 femmes a même permis de démontrer que cette intervention n’a pas plus d’effet que celle d’un placebo. L’utilisation du laser et des radiofréquences pourrait même ne pas être sans risque et provoquer des lésions ou des brûlures, aggravant ainsi certains symptômes.
D’autres solutions pour éviter cette intervention ?
Vous souffrez de troubles intimes provoqués par la ménopause ? D’autres solutions, dont l’efficacité a été démontrée, existent. Pour remédier à l’incontinence, et après diagnostic du médecin pour en déterminer la nature, plusieurs solutions peuvent être envisagées. Vous pourrez remédier à la sécheresse vaginale lors des rapports grâce à l’utilisation de crèmes ou de gels lubrifiants. La rééducation périnéale sera particulièrement efficace pour retonifier les muscles du périnée.
La période de la ménopause est propice à de multiples changements dans la vie d’une femme, parlez-en à votre médecin.
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
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Date de publication : 23/03/2023
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue
