Au cours des dernières décennies, la notion de rééducation périnéale s’est imposée. De nombreuses pratiques ont été recommandées pour raffermir le périnée, notamment le stop-pipi, rapidement devenu populaire. Très accessible, ce geste est souvent utilisé et intégré en tant qu’exercice dans une routine visant à renforcer le plancher pelvien. Découvrez les raisons pour lesquelles cela n’est pas une bonne idée.
Le mythe de la méthode du stop-pipi
Souvent recommandé pour renforcer le périnée, l’exercice du stop-pipi est un mythe qui a la vie dure. Pourtant, des connaissances approfondies permettent aujourd’hui de savoir que cette pratique n’est pas recommandée pour raffermir le plancher pelvien, car cela peut entraîner des conséquences sur la santé.
La méthode du stop-pipi, comment ça marche ?
Le stop-pipi est une technique qui consiste à stopper le jet urinaire pendant la miction. D’autres noms sont parfois utilisés, comme le stop-jet ou le stop-test. Quand ce geste est effectué, le périnée se contracte et empêche la vessie de se vider.
Cette pratique a été mise en place et conseillée à partir des années 70, au moment où l’on commence à parler de rééducation du périnée. Son but initial est de prendre conscience de la contraction périnéale par le fait de l’expérimenter et d’évaluer sa qualité. Mais, petit à petit, l’utilisation du stop-pipi a dérivé pour être proposée comme un exercice de renforcement des muscles du périnée.
Pourquoi il ne faut pas utiliser la méthode du stop-pipi ?
Tout n’est pas à jeter dans cette action. Dans certains cas, le stop-pipi reste intéressant et il est possible de l’utiliser. Mais cela doit se faire de manière très occasionnelle, seulement pour apprendre à bien identifier cette zone qui, au départ, peut-être difficile à localiser. C’est un outil qui permet de ressentir et saisir intimement les muscles que l’on doit contracter si l’on souhaite travailler son périnée.
Le problème est donc d’en faire un exercice de renforcement musculaire. Car, lorsqu’elle est répétée, cette action entraîne des dérèglements.
Lorsqu’une envie d’uriner se présente et que l’on se rend aux toilettes, le cerveau donne à la vessie l’autorisation d’évacuer. Pour que la vessie puisse se vider, le détrusor se contracte et le périnée se relâche. Lorsque la miction est interrompue par le stop-pipi, le périnée se contracte donc à nouveau. Une partie de l’urine reste bloquée dans l’urètre et la vessie est vidée de manière incomplète. Sur le long terme, le réflexe de communication entre cerveau et vessie devient confus.
Cela engendre donc différents types de troubles potentiels :
- Infections urinaires. Interrompre à répétition le flux de l’urine peut perturber le mouvement naturel des bactéries censées être éliminées avec la miction. Cela augmente les risques de cystite.
- Fuites urinaires. L’interruption de la miction contrarie la vessie dans le signal de vidange qu’elle a reçu. Avec la répétition, les réflexes et fonctions en symbiose avec le cerveau peuvent donc se dérégler, créant un risque d’incontinence.
- Prolapsus. Afin de pouvoir terminer d’évacuer l’urine, il est ensuite souvent nécessaire de pousser et de contracter la sangle abdominale. Cette action appuie sur le périnée et, répétée de manière excessive, le fragilise. À terme la survenue d’une descente d’organes.
Quel exercice de renforcement marche alors pour renforcer le plancher pelvien ?
Si vous souhaitez renforcer votre périnée, des méthodes parfaitement adaptées existent pour le muscler, tout en prenant soin de préserver votre santé.
Divers exercices existent. Par exemple, en dehors du moment de la miction, contracter son périnée régulièrement au quotidien est tout à fait recommandé. Pratiquer les exercices de Kegel est également une solution idéale, conçue spécialement dans ce but.
Votre kinésithérapeute peut vous accompagner afin de déterminer un programme de rééducation ou de renforcement qui vous correspond.
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
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Date de publication : 18/04/2025
Date de dernière mise à jour : 18/04/2025
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue
