Parler de fuites urinaires post-accouchement n’était déjà pas une mince affaire. Il a fallu entendre le « coming-out » de stars pour comprendre que ces désagréments étaient fréquents et qu’une prise en charge précoce permettait souvent d’y remédier. Alors que dire de l’incontinence anale qui relève encore du tabou suprême ? Pourtant 10 à 15 % des jeunes mamans en souffrent.
Préparez un avenir sans incontinence anale
Sujet tabou pour les jeunes mamans, longtemps négligé par le corps médical lui-même, l’incontinence anale devrait désormais être abordée par votre sage-femme ou par votre obstétricien lors de consultations post-accouchement. Si ces fuites tendent à disparaître spontanément au cours des mois suivant l’arrivée de bébé, le retour du boomerang, souvent lors de la ménopause, concerne jusqu’à 29 % des femmes. De quoi convaincre les plus réticentes à en parler.
Voici les symptômes de l’incontinence anale qui gênent le plus les femmes
L’incontinence anale concernerait 13 % des femmes après leur premier accouchement. Leurs symptômes ? La plupart d’entre elles souffrent de pets intempestifs, de fuites de selles liquides et/ou solides, ou d’une sensibilité amoindrie de la zone anale. Ces désagréments sont souvent transitoires et disparaissent de façon spontanée après quelques jours ou quelques semaines, notamment grâce à la rééducation périnéale. Dans les cas les plus graves, ils peuvent perdurer plusieurs mois après l’accouchement.
Découvrez quels mécanismes génèrent l’incontinence anale post-accouchement
Deux types de traumatismes liés à l’accouchement expliquent cette incontinence anale post-obstétricale :
- Des lésions neurologiques : un accouchement long et difficile endommage le nerf honteux interne, qui, une fois étiré, entraîne une baisse du tonus du sphincter anal. Si les symptômes d’incontinence anale régressent progressivement, les accouchements ultérieurs le fragilisent d’autant plus, parfois jusqu’à provoquer des dommages irréversibles.
- Des lésions musculaires : les déchirures périnéales importantes sont également incriminées, surtout si le sphincter anal est touché. Il s’agit probablement de la première cause d’incontinence post-partum, et surtout d’incontinence anale ultérieure.
Incontinence anale, les facteurs de risque les plus fréquents
Si la grossesse fragilise le périnée, les études montrent que l’accouchement présente des facteurs de risque lorsque :
- Le bébé pèse plus de 4 kg ;
- L’expulsion dure plus de 30 minutes ;
- L’obstétricien doit recourir aux forceps ;
- La délivrance nécessite une épisiotomie ;
- La déchirure périnéale touche le sphincter anal.
Sachez également que les deux premiers accouchements sont les plus traumatiques pour le périnée.
Le secret d’une rééducation post-accouchement réussie
Le traitement de l’incontinence anale repose sur la rééducation périnéale, au même titre que les fuites urinaires, puisque le sphincter anal fait partie des muscles périnéaux. Pour en rééduquer plus spécifiquement la zone postérieure, on préconise la méthode du biofeedback, pratiquée par les professionnels de santé, médecin, sage-femme ou kinésithérapeute.
Une sonde anale permet à la patiente de cibler les muscles à renforcer. Un capteur de pression rectale mesure l’intensité des contractions qui est transmise à la patiente sur un écran vidéo relié. Elle apprend ainsi à contracter efficacement les muscles à rééduquer.
Les problèmes d’incontinence disparaissent le plus souvent en quelques semaines. Pour les cas les plus sévères, seul un traitement chirurgical pourra réparer le sphincter anal.
Pourquoi les jeunes mamans doivent-elles parler à leur obstétricien ?
Malheureusement, un épisode d’incontinence anale après le premier accouchement constitue un facteur prédictif de récidive pour les accouchements suivants. Une raison supplémentaire pour surmonter ses appréhensions.
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
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Date de publication : 08/01/2018
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue
